Dans les grandes thématiques qui animent le Futur of Work, une nouvelle tendance émerge comme le fer de lance de l’adaptation et de la réussite : les entreprises apprenantes. Ces organisations ne voient pas l’apprentissage comme une simple activité occasionnelle, mais comme une force motrice essentielle pour leur croissance et leur succès à long terme.
Mais qu’est-ce qu’une entreprise apprenante? C’est une question que beaucoup se posent alors que ce concept gagne en popularité. En termes simples, une entreprise apprenante est une organisation qui cultive une culture de l’apprentissage continu à tous les niveaux. De la salle de réunion aux espaces de travail, chacun est encouragé à questionner le statu quo, à partager ses connaissances et à embrasser l’expérimentation.
Peter Senge, un théoricien systémique, est à l’origine de la démocratisation du terme en 1990 grâce à son livre « La Cinquième Discipline : l’art et la pratique de l’organisation apprenante », qui préconise l’utilisation de la pensée systémique (la cinquième discipline) comme méthode pour convertir les entreprises traditionnelles en organisations apprenantes.
“Le rythme auquel les organisations apprennent pourrait devenir la seule source durable d’avantages concurrentiels dans un monde en perpétuel évolution.” – Peter Singe
Les principes fondamentaux qui sous-tendent ces entreprises sont simples mais puissants. La curiosité est encouragée, les erreurs sont considérées comme des opportunités d’apprentissage et le partage des connaissances est valorisé. Ces principes fondamentaux créent un environnement propice à l’innovation, à la créativité et à l’agilité – des qualités essentielles pour prospérer dans un monde en constante évolution.
Principes fondamentaux des entreprises apprenantes :
- Cultiver une culture de la curiosité et de l’ouverture d’esprit
- Promouvoir le partage des connaissances
- Encourager l’expérimentation et l’apprentissage par l’échec
- Investir dans le développement des compétences
Mais quel est l’intérêt des profils expérimentés dans une telle organisation? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, leur place est plus cruciale que jamais. Leur expérience et leur savoir-faire constituent un pilier essentiel de la culture d’apprentissage. En tant que mentors et guides, ils transmettent leur expertise tout en restant ouverts aux idées nouvelles et aux perspectives innovantes.
Selon une étude conjointe menée par myRHline et Noous, les entreprises semblent de plus en plus conscientes des avantages qu’offre un modèle organisationnel axé sur l’apprentissage. En effet, d’après cette enquête, 65% des entreprises interrogées considèrent désormais la notion d’entreprise apprenante comme un levier stratégique essentiel. Cette tendance se manifeste plus particulièrement dans plusieurs domaines clés :
- 67% des structures sondées reconnaissent l’importance du développement des compétences ;
- 46% accordent une attention significative à la construction d’une marque employeur solide ;
- 33% mettent l’accent sur la rétention des talents.
Toutefois, malgré cette prise de conscience croissante, l’étude révèle un écart important entre la reconnaissance théorique de l’importance des compétences et leur gestion effective sur le terrain. Seulement 39% des entreprises disposent d’une cartographie des compétences, et parmi celles-ci, seules 27% maintiennent cette cartographie à jour.
Cette lacune souligne un défi majeur : sans une vision claire et à jour des compétences des collaborateurs, il devient difficile, voire impossible, de les valoriser pleinement et de les faire fructifier au sein de l’organisation. En effet, capitaliser sur les expertises des talents pour favoriser la croissance de l’entreprise constitue le fondement même du concept d’entreprise apprenante.
« Les entreprise apprenantes qui performent ont 92% de plus de chances d’innover » – Source Deloitte
La stratégie de l’entreprise apprenante permet de renforcer la compétitivité, avec un investissement dans des compétences stratégiques, et une consolidation de l’employabilité des salariés.
Cependant, malgré tous ses avantages, la mise en place d’une entreprise apprenante n’est pas sans ses défis. Le changement culturel peut être difficile à réaliser, et certains employés peuvent résister à sortir de leur zone de confort. De plus, cela demande un investissement en temps et en ressources de la part de l’organisation – un investissement qui peut ne pas être facilement réalisable pour toutes les entreprises.
Comme l’écrivait Salima Benhamou (économiste du travail à France Stratégie au département Travail-emploi-Compétences) dans le cadre du projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? », lancé en mai 2023 par le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po « S’interroger sur ce qui génère une économie performante et innovante solide est d’autant plus inévitable que la France comme la quasi-totalité des pays avancés feront face à des changements d’une ampleur inégalée à horizon 2030 : crises économiques, géopolitiques, climatiques, épidémiques successives, intensification de la concurrence mondiale, avènement de l’intelligence artificielle et l’ère du big data. »
En conclusion, les entreprises apprenantes représentent un nouveau paradigme pour l’innovation et la performance. En cultivant une culture de l’apprentissage continu, elles se positionnent pour prospérer dans un monde en perpétuel mouvement. Avec les profils expérimentés à leurs côtés, elles sont mieux équipées pour surmonter les défis et saisir les opportunités qui se présentent.
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