Actualité

L’emploi des séniors entre-t-il directement en concurrence avec celui des jeunes travailleurs ?

L’emploi des séniors entre-t-il directement en concurrence avec celui des jeunes travailleurs ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’augmentation du taux d’emploi des seniors ne semble pas entraîner un impact négatif sur le taux d’emploi des jeunes, c’est ce que l’on constate en France depuis la réforme de 2010 mais aussi dans les autres pays européens.

Quelles sont les dynamiques entre l’emploi des seniors et celui des jeunes dans le contexte de la réforme des retraites en France ? Certains économistes remettent en question l’idée d’une substitution directe entre ces deux groupes. Ils vont même jusqu’à penser que soutenir l’emploi d’une catégorie pourrait avoir des effets bénéfiques sur l’autre.

En janvier 2023, l’annonce du relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans avait suscité des préoccupations quant à un possible impact négatif pour les jeunes travailleurs. Pourtant en Europe, les pays affichant les taux d’emploi des seniors les plus élevés, comme l’Allemagne, la Norvège et les Pays-Bas, ont également les taux de chômage les plus bas pour les jeunes.

En Allemagne par exemple, le taux d’emploi des séniors était de 71,8% en 2021 – l’un des plus élevés d’Europe – et celui des jeunes de moins de 25 ans s’élevait à 48,7%, encore une fois un taux bien supérieur à la moyenne européenne.
La réforme de 2010, qui a fait passer l’âge de la retraite de 60 à 62 ans avait aussi amené son lot d’inquiétudes alors qu’elle a entraîné une augmentation significative de l’emploi des seniors et une hausse finalement marginale du chômage dans le pays, sans conséquences sur les travailleurs plus jeunes.

L’emploi des séniors pourrait même au final avoir un effet positif sur le taux d’emploi des jeunes travailleurs qui arrivent sur le marché en stimulant la production et en faisant baisser la pression fiscale (en particulier les charges sociales).

En vérité, les difficultés que les jeunes travailleurs rencontrent s’expliquent davantage par des raisons totalement déconnectées du taux d’emploi des séniors. En tête de ces raisons: les difficultés pour les non diplômés d’accéder au marché du travail. Rappelons notamment que le taux de chômage des actifs sans diplôme est près de trois fois plus supérieur à celui des bac+2.

Pour remédier à ce problème, l’Etat prévoit de mettre en œuvre un vaste plan de formation ciblant un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes décrocheurs. Ce plan met l’accent sur des formations longues et qualifiantes, un accompagnement individualisé, et une réforme de l’apprentissage. Cette réforme vise à renforcer la transparence et l’attractivité de l’apprentissage, plaçant les entreprises au cœur du système et réorientant la taxe d’apprentissage vers les besoins des entreprises à court et moyen termes.

La nécessité d’augmenter le taux d’emploi des 55-64 ans en France ne doit donc pas être freinée par la crainte d’effets négatifs à moyen terme sur l’emploi des jeunes. Elle pourrait au contraire avoir des effets bénéfiques pour les plus jeunes. Cependant, il reste à déterminer les leviers à actionner et à définir une stratégie globale plaçant l’éducation et la formation au centre du cycle de vie professionnel pour aider séniors ET juniors à trouver leur place dans le monde du travail.

Ajouter une réaction

Incroyable
0
Heureux
0
J'adore
0
Interrogé
0
Cirsconspect
0

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

More in:Actualité

0 %